VERS LA REINTRODUCTION DES FARINES ANIMALES EN FRANCE ?

Farine animale - Protéines animales tranforméesLes farines animales, cause de la maladie de la vache folle il y a 15 ans, sont de retour. Interdites en France, elles pourraient, en effet, être partiellement réintroduites sous certaines conditions, si on en croit les mesures listées vendredi dernier (02/12/11) par le Conseil National de l'Alimentation (CNA).

Le CNA ouvre la voie à un éventuel retour

Pour le Conseil National de l'Alimentation (CNA), instance consultative des ministères de l'Alimentation, de la Santé et de l'Économie, les farines animales pourraient être réintroduites partiellement en France sous de nouvelles formes. Avec une nouvelle organisation de la filière, il ne s’agirait pas des farines d’il y a 20 ans mais d’une nouvelle formule appelée "PAT", pour Protéines Animales Transformées. Par exemple, il serait interdit d’utiliser un animal malade, à l’origine de la crise de la vache folle, comme base pour une farine prévue pour en nourrir d’autres. Les nouvelles farines animales seraient fabriquées uniquement avec des restes de carcasses d'animaux sains, et totalement aptes à la consommation humaine. D’autre part, le CNA se veut prudent quant à leur utilisation. Les farines resteraient interdites aux ruminants (vaches et moutons). Seuls seront concernés par ce retour des farines animales les poissons, les porcs et les volailles. Pour ces trois catégories, le CNA explique également au micro d’Europe 1 qu’il sera interdit de nourrir un animal avec des farines de son espèce (« cannibalisme intra espèce »). Concrètement, un porc ne pourra pas être nourrit à partir de farine de porc.Aujourd’hui, le premier argument du CNA de cette réintroduction est très clair : par la force des choses nous consommons déjà, mais très peu, des aliments importés contenant ces farines animales. Beaucoup de ces produits viennent d’Amérique du Sud. Donc, plutôt que de subir des farines que les autorités sanitaires peinent à contrôler, le CNA suggère de réintroduire la filière en France.Et bien entendu, le premier et le plus important des avantages est bien évidemment l’argument économique. Selon le CNA, nourrir les animaux en France reviendrait moins cher s’ils pouvaient l’être avec des farines animales. Aujourd’hui, le bétail en France est nourri exclusivement de protéines végétales qui coûtent très chères. 40% des carcasses des animaux que nous mangeons sont perdus et servent de combustible dans les cimenteries. Alors, en transformant les pattes, les cous et autre reins de porcs en poudre, cela fournirait une source de protéines beaucoup moins chère.De plus, les économies financières réalisées pour les agriculteurs seraient importantes s'ils utilisaient des farines animales, selon les chiffres de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles). Ainsi, alors qu'un paysan gagne en moyenne entre 17.000 et 20.000 euros par an, un éleveur de poulets pourrait économiser 4.100 euros par an grâce aux farines animales. Un éleveur de porc irait jusqu'à 4.800 euros d'économies par an. C'est "très significatif" pour Bernard Vallat, président du CNA.Source : Europe 1

Le Maire s’oppose

La Commission européenne avait initié le 16 juillet 2010 une réflexion sur les assouplissements qui pourraient être apportés aux mesures de bannissement des farines animales de l'alimentation des animaux en vigueur depuis 10 ans pour lutter contre l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). Dans ce cadre, l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (AESA) avait rendu, le 12 janvier dernier, un avis sur les risques liés à la présence résiduelle de protéines animales transformées dans les aliments pour animaux qualifiant ces risques de "négligeables".La France a conduit sur ces questions sa propre évaluation. L'Agence nationale de sécurité sanitaire a émis, le 16 novembre dernier, un avis défavorable à la réintroduction de certaines de ces farines pour l'alimentation des animaux d'élevage. Face au nouveau débat du CNA, Bruno Le Maire, Ministre de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l'Aménagement du Territoire, rappelle dans ce contexte son "opposition à toute évolution de la réglementation sur l'alimentation des animaux". Le Ministre renouvelle les engagements pris en juin dernier : "Tant que je serai ministre de l'Agriculture, les farines animales ne seront pas réintroduites en France. J'en prends l'engagement !"Source : Boursier.com