TABAC : UNE JOURNEE MONDIALE QUI MOTIVE LES FUMEURS

Que chaque journée soit une journée mondial sans tabac - 31 maiLa Journée mondiale sans tabac incite les fumeurs à se libérer de leur dépendance. Une étude révèle que les recherches d'information sur internet augmentent ce jour-là de 80%. Les spécialistes confirment cet élan.

Journée mondiale sans tabac

Il y a plus de vingt ans, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) lançait l'idée d'une Journée mondiale sans tabac tous les 31 mai pour sensibiliser l'opinion aux ravages de la cigarette. Hier, les thèmes choisis ciblaient non pas les victimes mais les responsables en dénonçant « L’interférence de l’industrie du tabac » et ses agissements toujours plus agressifs.Il faut dire que beaucoup a déjà été fait en direction des fumeurs: photos chocs sur les paquets de cigarettes, campagnes de pub et d’information. L'augmentation des prix et l'interdiction de fumer dans les lieux publics ont complété cette guerre contre le tabac. Alors, cette nouvelle journée peut-elle encore apporter quelque chose ? A-t-elle un impact sur les 15 millions de fumeurs que compte la France ?

Pic sur la toile le 31 mai

Oui, répondent les enquêteurs du programme d'informatique du Centre hospitalier pour enfants de Boston et de l’école de santé publique Johns Hopkins Bloomberg. Ils viennent de publier les résultats de leurs travaux dans la revue Journal of Medical Internet Research [1]. C’est grâce à internet que ces chercheurs ont mis en évidence l’impact significatif de la Journée sans tabac. En surveillant la toile, ils ont constaté que le 31 mai, le nombre de recherches faites par les particuliers concernant le sevrage tabagique et les différents moyens d’arrêter de fumer explosait. Un boom de plus de 80% par rapport à une journée classique.« Après 25 ans, nous ne savions pas si la Journée mondiale sans tabac avait un impact significatif pour la santé publique, a déclaré John W. Ayers, auteur principal de l'étude. Etant donné la prolifération des journées de sensibilisation, nous avons été surpris de trouver ces grands pics de recherches vers l'intérêt du sevrage».Pour Bertrand Dautzenberg, pneumologue et Président de l’Office français de lutte contre le tabagisme, « L’impact de la journée n’est pas que sur internet, chaque année, on a aussi un pic d’appel sur tabac info service début juin. ».

Outil de sensibilisation et de motivation pour les fumeurs

Pour les spécialistes, la Journée mondiale sans tabac reste donc un formidable outil de sensibilisation et de motivation pour les fumeurs, même si ce n’est pas forcément ce jour là qu’ils arrêtent. C’est au moins un moment où ils vont s’interroger sur la méthode à adopter pour atteindre leur objectif.Le profil des fumeurs détermine la stratégie de sevrage tabagique. Pour les fumeurs occasionnels, ceux qui ne fument pas forcément tous les jours, et surtout pas dans la 1ère heure qui suit le réveil, le tabac représente plus un comportement, qu’une véritable addiction. Pour cette catégorie de fumeurs, les moins nombreux, l’arrêt peut se faire presque naturellement, sans aide médicale.Les autres, ceux qui constituent la grande majorité, sont des dépendants tabagiques. Les traitements contre le tabac, comme les substituts nicotiniques sont fortement conseillés. Ils permettent de diminuer de manière efficace les signes de sevrage. Bien utilisés et en association avec les conseils d’un professionnel de santé, ils multiplient par 3 les chances de succès.Des chiffres encourageants, qui ont pourtant étaient mis à mal récemment dans une étude publiée dans la revue Tobacco Control [2]. Cette dernière montrait que les gommes et les patchs à la nicotine n’étaient pas efficaces. Ces chercheurs n’avaient constaté aucune différence entre ceux qui avaient utilisé des substituts nicotiniques durant plus de dix semaines et ceux qui n’avaient rien pris. Pour Bertrand Dautzenberg, « cette étude est débile et malhonnête, elle n’évaluait pas l’efficacité des traitements, uniquement la capacité de rechute. ».Pour ceux qui ne parviendraient à arrêter le 31 mai, pas de panique. Les médecins le disent, pour que le sevrage tabagique fonctionne, il peut être intéressant que ce soit le fumeur lui-même qui définisse « sa date ». D’après les spécialistes, les patients sont nombreux à décider d’éteindre leur dernière cigarette le 31 décembre. Sinon, l’autre date préférée des fumeurs pour arrêter est souvent le 1er septembre, juste après les vacances d’été.Source : Le Nouvel Observateur[1] John W Ayers, Benjamin M Althouse, Jon-Patrick Allem, Daniel E Ford, Kurt M Ribisl and Joanna E Cohen (mai 2012) A Novel Evaluation of World No Tobacco Day in Latin America. In : Journal of Medical Internet Research ; Vol. 14, I. 3, e. 77. doi:10.2196/jmir.2148.[2] Hillel R Alpert, Gregory N Connolly and Lois Biener (janvier 2012) A prospective cohort study challenging the effectiveness of population-based medical intervention for smoking cessation. In : Tobacco control. doi:10.1136/tobaccocontrol-2011-050129