FRANÇAIS EN MANQUE DE VITAMINE D

Français en manque de vitamine D - carence - soleil - UV - ostéoporose - fractureUne récente enquête publiée ce mardi (24/04), dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), montre qu'une part importante de la population française adulte (de 18 à 74 ans) présente une insuffisance en vitamine D (80,1 %). L'Institut de veille sanitaire (InVS) recommande la pratique d'activités de plein air et une exposition «raisonnable» au soleil, entre 15 et 30 minutes par jour pour pallier une carence.

Le soleil, source de vitamine D

La vitamine D est surnommée la «vitamine du soleil». Cette vitamine dite liposoluble (soluble dans les graisses) a la particularité d’être soit d’origine cutanée, soit d’origine alimentaire. Elle peut, en effet, être synthétisée par la peau sous l'action des rayons ultraviolets du soleil. En principe, une exposition «raisonnable» à l'astre du jour, dans le cadre d'activités de plein air, suffit à couvrir l'essentiel des besoins de l'organisme.

L'alimentation y contribue également pour environ un quart : poissons gras et huiles de poisson, œufs, foies de génisse et d'agneau, jambon.

La vitamine D joue un rôle majeur dans la minéralisation osseuse. C’est elle qui permet de « fixer » le calcium. Particulièrement, elle intervient dans l’absorption du calcium et du phosphore par les intestins, ainsi que dans leur réabsorption par les reins. Ainsi même si un léger déficit n’est pas dramatique, à long terme cela peut constituer un facteur de risque d'anomalies osseuses, d'ostéoporose, et peut entraîner des fractures. Également, elle peut provoquer un rachitisme chez l’enfant. Problème : cette carence passe souvent inaperçue. On ne la détecte que par prélèvement sanguin.

Déficits sévères : qui est menacé ?

Les analyses effectuées par l'équipe dirigée par Michel Vernay, de l'Institut national de veille sanitaire (InVS), sur un échantillon représentatif de 1 587 adultes âgés de 18 à 74 ans ne prenant pas de supplémentation en vitamine D, montrent que 42,5 % de la population française adulte présente un déficit «modéré à sévère» (moins de 20 nanogrammes par ml (ng/ml)) et 4,8 % un «déficit sévère» (moins de 10 ng/ml) en 25-hydroxyvitamine D sérique (« 25(OH)D »). Il s'agit, dans le second cas, heureusement peu fréquent, de personnes «particulièrement vulnérables» vivant le plus souvent seules, ne partant jamais en vacances ou nées hors d'Europe.

Du fait de la pigmentation de leur peau, les individus originaires d'Afrique ou du Moyen-Orient absorbent moins bien les ultraviolets. Si cette caractéristique les protège contre le risque de cancer de la peau, leur capacité à synthétiser la vitamine D s'en trouve affectée lorsqu'ils vivent dans des pays à ensoleillement réduit. Aussi, selon les auteurs, «l'existence d'habitudes culturelles, en termes vestimentaire (comme de trop se couvrir le corps, visage, bras, etc., ndlr) ou de sortie en plein air» peut être un facteur aggravant. Également "On trouve moins de vitamine D chez les fumeurs, sans qu'on comprenne bien le mécanisme en cause", indique le chercheur. En revanche, les "buveurs modérés" de vin ont de meilleurs niveaux sanguins de vitamine D que les gens qui n'en boivent pas du tout.

À la latitude de la France métropolitaine, c'est, surtout en fin d'hiver et au début du printemps que le risque de déficience en vitamine D est le plus élevé, en particulier dans les régions où l'ensoleillement est faible (Bretagne, Normandie, Picardie, Nord-Pas-de-Calais, Lorraine, Alsace).

L'Australie et de l’Angleterre donnent l’exemple

«Si le déficit modéré ne s'accompagne généralement pas de signes cliniques d'ostéomalacie (défaut de minéralisation osseuse), il pourrait cependant constituer un facteur de risque d'anomalies osseuses, d'ostéoporose et de certaines maladies chroniques comme les cancers (principalement ceux du sein, du côlon et de la prostate), les maladies cardio-vasculaires et du système immunitaire», écrivent les auteurs. Plusieurs études récentes ont en effet montré le rôle protecteur de la vitamine D contre ces pathologies, y compris la maladie d'Alzheimer.

Pour remédier à ces carences, Michel Vernay et son équipe recommandent aux autorités sanitaires de publier des recommandations d'exposition au soleil selon la latitude et la saison afin de favoriser la production endogène de vitamine D sans augmenter le risque de survenue de cancers de la peau, à l'instar de ce qui se fait déjà en Australie ou en Angleterre. Il faut alors rappeler à la fois les dangers d’une exposition excessive sans protection au soleil et les bienfaits d’une exposition raisonnable.

L'enrichissement des aliments et la supplémentation en vitamine D sont "probablement à discuter" en France. Il conviendrait également, notent les auteurs, de renouveler l'étude du statut en vitamine D de la population, en l'élargissant aux enfants, aux adolescents et aux personnes âgées.

Source : lefigaro.fr