ASPARTAME : LA SONNETTE D'ALARME EST TIREE

La guerre à l'aspartame est déclarée !Etonnés par l’absence de réaction des pouvoirs publics, des scientifiques, gynécologues et pédiatres regroupés au sein du Réseau Environnement Santé (RES), demandent à Xavier Bertrand, ministre de la Santé, d'alerter les femmes enceintes sur les risques d'accouchement prématuré si elles consomment de l'aspartame, un édulcorant que l'on trouve notamment dans les boissons light. Dans le courrier envoyé, ils lui rappellent notamment de donner suite aux propos qu’il a tenus le 16 octobre dernier. Il avait alors dit « s’il y avait un rapport qui disait clairement « cela représente un danger, il faut retirer », je n’hésiterais pas à le faire ».

Consommation quotidienne excessive

La consommation de ces édulcorants est énorme. Ainsi, l'aspartame, édulcorant le plus utilisé au monde, se retrouve dans plus de 6 000 produits, du chewing-gum aux boissons light, dont plus de 500 produits pharmaceutiques. Selon le RES, 200 millions de personnes en consommeraient régulièrement.

La dose journalière admissible établie par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) est de 40 mg/kg, ce qui représente 2,8 g pour un adulte de 70 kg, soit l'équivalent de 35 canettes. Mais ce seuil peut être rapidement atteint si on y additionne d’autres produits tels que des tasses de café avec sucrette, des yaourts allégés ou des confiseries sans sucre.

Selon une étude danoise…

Dans leur missive, les scientifiques s’appuient notamment sur une étude [1], publiée septembre 2010 dans le renommé « American Journal of Clinical Nutrition », par le Danois Thorhallur Ingi Halldorsson. L’impact des boissons light ou sans sucre a été étudié sur 59 334 Danoises enceintes de janvier 1996 à octobre 2002. Il apparait que la consommation d’un soda light par jour augmente le risque d’accouchement prématuré de l’enfant (< 37 semaines) de 27%, 35% pour deux ou trois, 78% si la femme enceinte en consomme quatre… L’impact serait moindre avec des boissons non gazeuses, l’augmentation du risque allant de 11 à 29%. Elles comportent 2 à 3 fois moins d’édulcorants que les boissons gazeuses.Les enfants nés prématurés seraient ainsi sujets à "des retards de développement deux fois plus importants à l’âge de deux ans", à "un risque d’autisme multiplié par cinq", et notamment à "une morbidité respiratoire augmentée", dénonce le RES. Source : Le Figaro

L’homme n’en est pas moins épargné

Des expériences menées sur des souris consommant des édulcorants chimiques concluent à un risque accru de cancer chez les mâles, notamment cancers du foie et du poumon.

Publiée il y a quatre mois dans l'American Journal of industrial medicine [2], une étude du chercheur italien Morando Soffritti, de l’Institut Ramazzini de recherche en cancérologie environnementale, corrobore quant à elle deux études antérieures menées sur les impacts de l'aspartame chez les rats. Elles confirment notamment le potentiel carcinogène à long terme chez les souris exposées à l’édulcorant alimentaire aspartame par le biais de l’aspartame.Elle établit que cet édulcorant élève les risques de cancers du foie et du poumon chez 240 souris mâles, exposées de la gestation à la mort. Les risques ne sont pas augmentés chez les femelles, qui pourraient bénéficier d'une «résistance de genre». Comme le RES, les chercheurs italiens estiment «urgent» de réévaluer les réglementations actuelles.

La dose journalière admissible réévaluée en France ?

La question de l'aspartame n'est pas nouvelle. En février dernier, la polémique a fait l'objet d'un communiqué de l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) statuant que l'édulcorant ne présentait finalement aucun risque. L’EFSA a, en effet, examiné les deux publications relatives à la sécurité des édulcorants artificiels. Elle conclut que les deux études récemment publiées sur la sécurité des édulcorants artificiels ne justifient pas une révision des évaluations précédentes de l’aspartame ou d’autres édulcorants actuellement autorisés dans l’Union européenne. Elle conteste notamment la méthodologie des études antérieures conduites par le Dr Soffritti. Notamment, la réalisation d’études sur toute la durée de vie des animaux peuvent mener à des conclusions erronées : les animaux plus âgés sont davantage susceptibles de contracter une maladie et certaines modifications pathologiques liées à l’âge peuvent se produire et frapper d’équivoque l’interprétation des effets associés à la substance. De plus, les souris suisses utilisées dans cette étude sont connues pour présenter une incidence élevée de tumeurs hépatiques et pulmonaires spontanées. Quant à la publication d’Halldorsson et al. (2010), l’EFSA a conclu qu’aucune preuve disponible dans l’étude ne permettait d'affirmer qu’il existait un lien de causalité entre la consommation de boissons non alcoolisées contenant des édulcorants artificiels et l'accouchement prématuré. Des études supplémentaires seraient nécessaires pour confirmer ou pour infirmer ce lien, et devront prendre en compte l’historique médical et les critères sur lesquels sont fondées les décisions médicales de provoquer l’accouchement. Globalement, l’EFSA conclu que les résultats présentés ne fournissent pas suffisamment de preuves scientifiques qui justifieraient de revoir les recommandations à l’aspartame. Toutefois elle continue de suivre attentivement les publications scientifiques dans ce domaine. Pour le RES, ces critiques ne sont «pas fondées». «Est-ce qu'on attend que les études sur les rongeurs soient vérifiées chez l'homme?», demande André Cicolella, son président et porte-parole. Trop de temps a déjà été perdu. Le RES précise que « Plus de 12 mois se sont déjà écoulés, soit environ 700 000 naissances supplémentaires sans que les mères n'aient été alertées du risque (…) Dans le cas présent, il nous semble que le doute devrait profiter au consommateur. Les données scientifiques sont suffisantes pour agir, c’est-à-dire, à tout le moins, pour diffuser des conseils de prudence auprès des femmes enceintes ».Début septembre, le directeur adjoint de l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES), le Pr Gérard Lasfargues, a chargé l’EFSA de conduire une réévaluation de la sécurité de l’aspartame et de la dose journalière admissible (DJA). Les résultats sont attendus pour 2012.Source : efsa.europa.eu[1] Halldorson T.I., Strom M., Peterson S.N. ans Olsen S.F. (2010) Intake of artificially sweetened soft drinks and risk of preterm delivery : a prospective cohort study in 59 334 Danish pregnant women. In : American Journal of Clinical Nutrition ; Vol.92, I. 3, p. 626-633.[2] Soffritti M., Belpoggi F., Manservigi M., Tibaldi E., Lauriola M., Falcioni L. and Bua L. (2010) Aspartame administered in feed, beginning prenatally through life span, induces cancers of the liver and lung in male Swiss mice. In : American Journal of Industrial Medicine ; Vol. 53, I. 12, p. 1197-1206.