CANCER DU SEIN : DEPISTAGE PAR TEST SANGUIN

Cancer du sein : dépistage, diagnostic, CTC cellules tumorales circulantesBientôt une nouvelle technique de dépistage pour le cancer du sein ? Un test sanguin pourrait constituer un indicateur fiable des futurs risques de récidive pour le cancer du sein alors qu'il en est encore à un stade localisé, montre une étude publiée aujourd’hui (06/06) dans la revue médicale spécialisée britannique The Lancet Oncology [1].

CTC (cellules tumorales circulantes) : un bon indicateur

L’identification des cellules tumorales circulantes (CTC) est déjà associée à un mauvais pronostic dans le cancer métastatique et est signe de risque de propagation du cancer à d’autres organes. Toutefois il y avait peu d’études décrivant l'importance des cellules tumorales circulantes chez les patientes atteintes au stade précoce et non métastatique de la maladie. Ainsi selon une étude publiée en Grande Bretagne, un test sanguin permettrait de prévenir les risques de récidive du cancer du sein non métastasé. Cette technique est en train d'être testée. « La présence d'une ou de plusieurs cellules tumorales circulantes dans le sang a permis de prédire les récidives précoces et la diminution des chances de survie », selon les chercheurs du MD Anderson Cancer Center de l'Université du Texas qui ont procédé à l'étude. Ce type de test sanguin pour quantifier les CTC dans le sang permettrait d'aider à identifier très tôt les patientes pouvant bénéficier d'un traitement supplémentaire comme une chimiothérapie afin de diminuer les risques de récidive.

Une technique qui n'est pas encore utilisée

De tels tests ne sont pas actuellement utilisés pour analyser le pronostic d'un patient ou prescrire un traitement, car on considère que les tumeurs cancéreuses se propagent plutôt à travers le système lymphatique que par voie sanguine.

L'équipe texane a effectué des tests sur 302 patientes atteintes d’un cancer du sein entre février 2005 et décembre 2010 (35 mois). Les sujets en étaient à un stade précoce et localisé du cancer du sein, donc sans métastase, et n'ont pas reçu de chimiothérapie. Par mesure des cellules tumorales circulantes avec le système CellSearch (Veridex, Raritan), les chercheurs ont pu corréler leurs mesures avec les caractéristiques de la tumeur dont la taille, la présence de récepteurs spécifiques (œstrogène, progestérone et HER2) et le statut des ganglions axillaires, un facteur bien connu de pronostic majeur du cancer du sein. Pour un quart des patientes, les prélèvements sanguins ont montré la présence de CTC. Dans cette catégorie, 15% des patientes testées positives pour les CTC ont rechuté après traitement et 10% sont décédées pendant l'essai. En revanche, les patientes dont les tests sanguins n'ont donné aucune CTC ont eu un taux de rechute de seulement 3% et un taux de mortalité de 2%. « Pour les patientes avec les concentrations les plus élevées de CTC, la corrélation (...) était encore plus évidente, avec 31% de patientes décédées ou en récidive », selon un communiqué de la revue.

« Les cellules cancéreuses se propagent par le sang »

Cette nouvelle étude permet de démontrer que « la maladie n'a pas besoin d'être à un stade avancé pour que les cellules cancéreuses se propagent par le sang et compromettent les chances de survie ». D'autres chercheurs appellent cependant à la prudence et à la réalisation d'études cliniques plus vastes. « C'est un travail formidable et très bien mené. Mais nous ne savons pas quoi faire après cette étude, c'est-à-dire quel nouveau protocole adopter pour les patientes », a expliqué Stebbing Justin, de l'Imperial College de Londres. Source : l’Express et Santé log[1] Anthony Lucci, Carolyn S Hall, Ashutosh K Lodhi, Anirban Bhattacharyya, Amber E Anderson, Lianchun Xiao, Isabelle Bedrosian, Henry M Kuerer and Savitri Krishnamurthy (juin 2012) Circulating tumour cells in non-metastatic breast cancer: a prospective study. In: Lancet Oncology(early online publication) ; DOI: 10.1016/S1470-2045(12)70209-7