Surpoids et obésité infantile

Surpoids et obésité infantileSelon l'INCa (Institut National du Cancer), 11 à 14 % des enfants seraient en surpoids et 3 à 4,5 % présenteraient une obésité. Il est désormais admis que le surpoids et l’obésité infantile augmentent les risques de développer diverses maladies à l’âge adulte (troubles cardiovasculaires, diabète précoce, certains types de cancer,…). C’est pourquoi de nombreuses études s’intéressent à ce phénomène afin d’en déterminer les causes et de proposer des solutions pour remédier à ce problème de santé publique.

Prédire l'obésité infantile par le temps passé devant la télévision

Une étude s'est intéressée aux relations poids et petit écran chez les 2-4 ans.
Les petits enfants regardent trop la télévision. Les conséquences de ce temps excessif passé devant le petit écran sont multiples: moindre goût pour la lecture, le dessin, la musique, le monde réel, moins d'activité physique.

Aujourd'hui, des chercheurs canadiens mettent en cause directement le nombre d'heures passées devant les émissions télévisuelles dans l’obésité de l'enfant, la largeur de sa taille ainsi que son habilité à la pratique du sport. Ces médecins, qui publient les résultats de leurs travaux dans la revue International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity, estiment même qu'il est possible de prédire le tour de taille et les performances sportives chez les petits enfants, uniquement à partir du nombre d'heures assis à regarder la télé.

L'alimentation excessive trop riche en graisses et sucres n'est pas seule en cause dans le développement inquiétant de l'obésité infantile. La très faible mobilité est aussi un facteur de risque, avec des conséquences à long terme graves: un enfant en excès de poids présente un risque très élevé de devenir plus tard un adulte obèse. En la matière, les parents ont donc un rôle crucial.
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs de l'université de Montréal, dans le cadre d'une enquête longitudinale sur le développement de l'enfant, se sont intéressés à 1 314 jeunes Québécois. En particulier, quand ces derniers ont atteint l'âge de 2,5 ans, ils ont interrogé leurs parents sur le nombre d'heures passées devant le petit écran et ont pesé et mesuré le tour de taille de l'enfant. Deux ans plus tard, à l'âge de 4,5 ans, ils ont à nouveau demandé à la famille les habitudes télévisuelles de leur rejeton qu'ils ont à nouveau pesé, mesuré. Et ils ont évalué son habilité à courir, sauter…

Les résultats sont totalement surprenants: à l'âge de 2,5 ans, ces enfants regardaient déjà la télévision en moyenne 8,8 heures par semaine, soit déjà plus d'une heure par jour! Deux ans plus tard, ces mêmes petits sont rivés au petit écran pendant plus de 14,8 heures hebdomadaires, soit plus de 2 heures par jour en moyenne. Par ailleurs, 15 % des participants de cette enquête à l'âge de 4,5 ans passaient déjà plus de 18 heures par semaine devant la télévision.

Performances liées à l'activitéPour ce qui est du tour de taille, les chercheurs ont calculé qu'à l'âge de 4,5 ans, chaque heure en plus passée devant l'écran entraînait une augmentation du tour de taille de 0,5 millimètre, par rapport aux enfants ne regardant jamais la télévision. Autrement dit, un petit de 4,5 ans, affalé devant la télé pendant plus de 18 heures par semaine, aura un tour de taille de 7,6 millimètres en plus, juste du fait de ses habitudes télévisuelles. Ou plutôt de celles que ses parents lui ont transmises.Par ailleurs, tous ces enfants ont dû effectuer un saut en longueur. Là encore, les résultats montrent que pour chaque heure devant la télévision en plus, la distance sautée se rétrécit d'environ un tiers de centimètre. «La poursuite d'une activité sportive chez les enfants et les adolescents est directement liée à sa réussite et à ses performances dans ce domaine», écrivent les auteurs de l'étude, les docteurs Caroline Fitzpatrick et Linda Pagani. Elles estiment que ces résultats devraient inciter les pouvoirs publics à développer des politiques ciblant les facteurs environnementaux liés à l'obésité, et en particulier à l'excès de temps passé devant la télévision. «Notre mode alimentaire a aussi évolué vers une nourriture riche en calories, préparée industriellement, associée à une vie de plus en plus sédentaire, concluent-elles. Nos résultats confirment la suspicion selon laquelle le temps devant l'écran de télévision contribue à accroître l'excès de poids. Ils offrent aussi des clés pour offrir une approche efficace de prévention.»En France, les adultes regardent en moyenne la télévision 3 heures et 47 minutes par jour. Comment dans ces conditions pourraient-ils contrôler le temps que leurs enfants y passent? L'éducation des enfants passe aussi par celle des parents. Et par l'information.Source : Le Figaro, par Martine Perez - le 16/07/2012

Obésité : non, elle n’affecte pas directement les résultats scolaires des enfants

Ne blâmons pas l’obésité en tous cas en ce qui concerne les résultats scolaires des enfants, conclut cette recherche soutenue par le Economic and Social Research Councils britannique (ESRC). Cette étude, qui combine statistiques et génétique, permet de dissiper l'idée fausse que le surpoids a des conséquences directes néfastes sur la performance scolaire et met en cause les facteurs environnementaux de l’obésité comme le statut socio-économique de la famille.

Des études précédentes ont montré que les enfants en surpoids seraient moins susceptibles de réussir en classe. Mais ici, le Dr Stephanie Von Hinke Kessler Scholder de l'Université de York affirme qu'il est essentiel de comprendre ce qui peut justifier cette association. « Nous avons voulu vérifier si l'obésité entrave directement la performance ou si les enfants obèses réussissent moins bien en raison d'autres facteurs confondants, associés également à l'obésité comme les niveaux d’éducation ou de revenus de la famille ».

Les chercheurs ont examiné les données de près de 4.000 enfants participants à l'étude cohorte « Children of the 90s Birth Cohort Study ». Ces données comprenaient l’analyse ADN des enfants, des données génétiques tout à fait indépendantes de facteurs socio-économiques. Les chercheurs ont combiné des modèles statistiques avec ces données d'épidémiologie génétique et a pu, à partir de 2 marqueurs génétiques majeurs, identifier les enfants ayant une prédisposition génétique légèrement supérieure à l'obésité.

L’obésité en elle-même n’a pas d’impact direct sur les résultats scolaires : L’analyse de la corrélation entre l'obésité des enfants, telle que mesurée par leur masse grasse et leurs résultats aux examens, suggère que les enfants en surpoids ne font que très légèrement moins bien à l'école. Mais, lorsque les chercheurs prennent en compte uniquement les marqueurs génétiques de l’obésité, à l’exclusion d’autres facteurs confondants, ils ne trouvent aucune preuve de causalité obésité et résultats scolaires. Les auteurs concluent donc que l'obésité n'est pas un facteur majeur qui affecte les résultats scolaires des enfants.D’autres facteurs environnementaux en question : Ces résultats suggèrent que la relation négative entre poids et performance scolaire est associée aux facteurs environnementaux qui influent sur le poids. Les recherches devraient donc, selon cette étude et en matière d’apprentissage se concentrer sur d'autres déterminants comme la classe socio-économique de la famille. Source: Economic & Social Research Council Obese Kids as bright as thinner peers

Contre l'obésité infantile, faites cuisiner les petits

Les grandes règles de santé publique passent souvent par des petites choses de la vie quotidienne. Des médecins canadiens, dans une étude publiée récemment en ligne dans Public Health Nutrition , révèlent que le simple fait de mettre les enfants aux fourneaux transforme de manière positive leur manière de se nourrir.

L'alimentation inadaptée, excessive, est un facteur majeur d'obésité, de maladies cardio-vasculaires, d'attaques cardiaques, de diabète… Manger sainement est un des grands défis du XXIe siècle. Comment se nourrir de manière équilibrée lorsque l'offre agroalimentaire incite en permanence à absorber des produits rapides à préparer comme les pizzas, les hamburgers, les glaces et les gâteaux, au détriment des fruits et des légumes?

Quelques études ont démontré que le fait de prendre les repas en famille était associé à un risque moindre d’obésité par rapport aux plateaux consommés devant la télé par des enfants seuls. Une nouvelle enquête réalisée dans 150 écoles primaires de l'Alberta (ouest du Canada) vient de prouver que lorsque l'on implique les écoliers dans la préparation des repas, ils ont une alimentation bien plus diversifiée. Dans cette enquête, un tiers des enfants affirmaient aider tous les jours leur parent pour la préparation du dîner, un tiers une à trois fois par semaine, les autres évitaient la cuisine ou apportaient leur contribution au maximum une fois par mois. Selon les résultats, plus les enfants contribuent à la préparation des menus et plus ils aiment les légumes et les fruits. De surcroît, les jeunes cuisiniers sont plus sensibles aux qualités nutritionnelles des aliments par rapport à ceux qui ne mettent pas la main à la pâte.«On peut développer dans les écoles des cours de cuisine ou des clubs gastronomiques pour améliorer en particulier l'appétence pour les fruits et légumes et apprendre à faire les bons choix alimentaires», propose le Dr Yen Li Chu, coauteur de l'étude (université d'Alberta). Selon le Dr Paul Veugelers, qui a signé l'article, les mêmes programmes sont valables pour des jeunes plus âgés, à la fin du secondaire. Source : Le Figaro, par Martine Perez - le 07/07/2012 Crédits photos : Fotolia