UNE VITAMINE DU LAIT CONTRE L’OBESITE ET LE DIABETE

nicotinamide riboside, vitamine du laitLa nicotinamide riboside, une vitamine découverte il ya seulement quelques années dans le lait et sûrement dans beaucoup d’autres aliments, pourrait nous préserver de l’obésité et du diabète, le tout sans effet secondaire. Si elle est prometteuse, elle est très difficile à extraire et à synthétiser.

Du lait pour nous protéger

Comparable à la découverte du resvératrol et le piceatannol dans le vin rouge, c’est maintenant dans le lait - mais peut-être aussi dans la bière ou dans de nombreux autres aliments - qu’on trouve une molécule aux propriétés thérapeutiques variées. Nommée nicotinamide riboside (NR), cette vitamine préserverait de l’obésité, du diabète et améliorerait l’activité musculaire, entre autres.

On doit cette découverte à des chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse). Ceux-ci supposaient qu’un supplément en NR dans l’alimentation allait entraîner des avantages métaboliques, du fait de l’impact de la molécule sur les mitochondries, ces usines intracellulaires qui fournissent l’énergie. Leur hypothèse allait se vérifier in vitro sur des cellules de mammifères, et s’avérer également payante in vivo d’après leur expérience chez les souris. L'ensemble des résultats est publié dans Cell Metabolism [1].

NR, la vitamine sans effet secondaire indésirable

Les rongeurs consommant la vitamine, en plus d’un régime hyperlipidique (riche en graisse), ne prenaient que 60 % du poids de leurs congénères uniquement nourris au gras. Les souris traitées brûlaient ainsi plus de calories. De plus, aucun d’entre eux ne présentait des signes de diabète, probablement parce que la NR améliore la sensibilité à l’insuline.

Mais ce n’est pas tout. Les souris profitant du complément alimentaire pendant dix semaines ont montré une endurance supérieure de 10 % à celles qui n’en avaient pas eu droit. L’état de forme physique global était également meilleur, comme en atteste la qualité des fibres musculaires observées au microscope, supérieure chez les rongeurs habitués à la NR. Enfin, un traitement étalé sur huit semaines a montré que la vitamine améliorait également la régulation thermique.

L’intérêt de cette molécule réside aussi dans le fait qu’elle n’entraîne aucun effet secondaire indésirable, contrairement par exemple à la vitamine B3 (acide nicotinique), utilisée contre le cholestérol. Les scientifiques n’ont pourtant pas manqué de l’éprouver : même à des doses dix fois plus importantes que la quantité efficace, leurs cobayes se portaient toujours aussi bien.

NAD+ et les sirtuines rentrent en piste

D’une manière plus technique, la nicotinamide riboside est un précurseur d'un coenzyme présent dans toutes les cellules, le NAD+, qui voit alors sa concentration augmenter. Cela a pour effet de stimuler l’expression de deux gènes, Sirt1 et Sirt3, de la grande famille des sirtuines. Les enzymes qui en découlent sont connues pour stimuler le métabolisme et jouer un rôle dans la régulation des mécanismes oxydatifs. De précédentes expériences ont montré qu’elles pouvaient même rallonger l’espérance de vie. Dans ce cas au moins, les deux gènes protègent des anomalies métaboliques qu’un régime trop riche en graisse peut occasionner.

Compléments alimentaires du futur

On pourrait alors s’attendre à voir un tel composé mis sur le marché très rapidement sous la forme d’un complément alimentaire. Pourtant, il faudra encore faire preuve de patience. En effet, la NR a été détectée dans le lait, on suspecte aussi sa présence dans la bière mais elle est très difficile à doser, si bien qu’on ignore précisément dans quels aliments elle se trouve et en quelle quantité.

Sa synthèse reste tout aussi délicate
et la perspective d’une production à grande échelle n’est pas imminente. Avant d’en arriver là, il faudra s’assurer de son efficacité et de son innocuité chez l’espèce humaine. Autant d’écueils que les scientifiques s’attarderont à résoudre dans les prochaines années pour peut-être aboutir à un médicament nous préservant, dans une certaine limite, de l’obésité et de ses pathologies associées, comme le diabète. La meilleure solution restant bien évidemment de manger sainement et d’avoir une activité physique régulière.


Source : Futura Sciences

[1] Carles Cantó, Riekelt H. Houtkooper, Eija Pirinen, Dou Y. Youn, Maaike H. Oosterveer, Yana Cen, Pablo J. Fernandez-Marcos, Hiroyasu Yamamoto, Pénélope A. Andreux, Philippe Cettour-Rose, Karl Gademann, Chris Rinsch, Kristina Schoonjans, Anthony A. Sauve, Johan Auwerx (June 2012) The NAD+ Precursor Nicotinamide Riboside Enhances Oxidative Metabolism and Protects against High-Fat Diet-Induced Obesity. In : Cell Metabolism ; Vol. 15, I. 6, p.838-847.